Dans les années vingt, il se fabriquait autant de couteaux à Espalion que dans le village de Laguiole. La rue Eugène Salettes, du nom d’un coutelier de la ville, en est le vivant témoignage. Il est le cadre choisi par Laguiole en Aubrac pour s’implanter. L’entreprise est née en 1992, à Espalion, de la volonté de Christian Valat.
La société entendait à l’origine vendre des couteaux de Laguiole. Mais Laguiole, tout comme Thiers, avaient du mal à fournir. Et n’avaient, de plus, pas besoin de société commerciale.
Avec l’aide de deux ingénieurs et le frère de Christian, formé à l’école de marqueterie Pierre Boule, ils débutent dans un tout petit atelier. Avec néanmoins la ferme volonté, dès les origines, de se tourner vers l’exportation pour faire connaître le savoir-faire Aveyronnais.
En 1993, en association avec trois autres artisans de Laguiole est ainsi créée la forge de Montézic. “En 1996, nous avons racheté les parts de chacun car nous faisions le gros de l’activité.”
Rapidement, l’entreprise se distingue par l’acuité de sa démarche commerciale, ouvertement axée sur les produits haut de gamme. Afin d’assurer son développement, elle crée ses propres magasins, dont l’emplacement est choisi, avec une attention toute particulière et somme toute logique, en fonction de la clientèle potentielle.
Le succès est immédiat. À tel point qu’un deuxième magasin est ouvert dès 1995. Puis suivent, en 1999, Saint-Émilion et Paris car de nombreux étrangers y sont de passage. Ce sont des endroits stratégiques pour y faire connaître les couteaux de laguiole.
En 2003, une nouvelle enseigne a vu le jour, rue Neuve, à Rodez. « Un peu par nostalgie d’une coutellerie qui datait de 1930. Un showroom” idéal pour les clients touristes de toutes origines à la découverte de l’Aveyron. Des clients que l’entreprise va inlassablement intéresser par son savoir-faire car près de 70 % des ventes proviennent d’Europe.
Le fruit d’une présence active dans de nombreux salons, comme Francfort ou Nuremberg. New York donne une envergure internationale aux clients étrangers férus d’artisanat made in France. Car l’image véhiculée par Laguiole en Aubrac est une image artisanale de création et de production dans la continuité d’anciens modèles de couteaux Laguiole.
Le couteau, large, tient bien dans la main. “Preuve que l’on ne fait pas d’économie sur la matière première (bois, corne…). Car c’est vrai, nous faisons le choix de mettre plus de matière. Certains concurrents désormais font des collections de “galbés”. C’est un choix étonnant. Il faut mettre de la matière ou non. Ou alors faire de vrais galbés avec excroissance du type “dodu”. Sinon rien.”
Reste aussi à savoir quelles matières : “On se fournit pour certains bois dans la forêt des abeilles, au Gabon. Ce sont les bois les plus feutrés, les plus beaux du monde.”
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